L'organisation générale d'un ouvrage

Chaque ouvrage présente, selon le type de terrain sur lequel il se trouve, une configuration particulière. Néanmoins, l'organisation de tout les ouvrages Maginot est plus ou moins la même. Etudions point par point les différents composants d'un ouvrage, extérieurs et intérieurs.

  1. Les parties souterraines
  • les galeries

Organes principaux d'un ouvrage, les galeries relient les différents blocs de combat aux blocs d'entrées. Sur ces galeries sont greffé la caserne souterraine, l'usine, etc. Pour des raisons évidentes de sécurité, les galeries sont enterrées à une moyenne d'environ 30 mètres par rapport à la surface, de manière à pouvoir résister aux bombardements les plus intenses. La justesse de la conception sera prouvée durant le bombardement du fort du Schoenenbourg par exemple, alors bombardé par des obus de 420mm ! Les galeries, la caserne etc. tremblèrent, mais résistèrent.

Dans ces galeries pouvaient circuler, et notamment dans les gros ouvrages, un petit train destiné à transporter hommes et munitions des casernes et magasins à munitions vers les organes de combat.

Exemple d'une galerie.
Petit train du Simserhof.
La train pouvait circuler grâce à ces caténaires qui lui fournissait le courant.

 

  • l'usine
En temps normal, les ouvrages étaient alimenté en électricité grâce à l'extérieur, ils étaient en effet branché sur le réseau électrique civil. Mais en période de combats, l'usine a pour rôle d'alimenter l'ouvrage en électricité de manière autonome. Ainsi, en cas d'encerclement, l'ouvrage peut produire sa propre électricité et, de fait, résister à l'encerclement sans aide électrique extérieur, pour une durée de deux à trois mois, selon les stocks d'essence. L'usine doit pouvoir produire le double de l'énergie nécessaire à l'ouvrage, elle est, selon la taille de celui-ci, équipée de deux à quatre moteurs diesels de marque différente selon les ouvrages, Renault, SGCM, Sulzer, etc. En prenant l'exemple du fort du Hackenberg, seul deux des quatre moteurs fonctionnaient en permanence, les deux autres étant là "au cas où".
L'un des quatre moteurs Sulzer de l'ouvrage du Simserhof.
Autre vue du Sulzer.
Pièces détachées et outils pour les mécaniciens du Génie, qui entretenaient l'usine.
Cellule haute tension, elle répartissait le courant produit par l'usine dans les différents organes de l'ouvrage.


  • le casernement souterrain

Le casernement souterrain a pour but d'héberger l'équipage de l'ouvrage en temps de guerre (en temps normal, l'équipage vivait dans des casernements extérieurs). Le casernement est composé de chambrées pour l'équipage, de locaux d'hygiène (WC, douches, lavabos,...), d'une infirmerie et d'une cuisine plus ou moins grande selon le nombre d'hommes, par ailleurs très modernes pour l'époque. L'exiguïtées des locaux n'étant pas un facteur contribuant au bon moral de l'équipage, on essayait d'améliorer l'ordinaire. Ainsi, la nourriture de l'ouvrage n'étant composée que de conserves ( censées faire tenir l'ouvrage environ 45 jours en cas d'encerclement), en temps de paix, on faisait venir la nourriture de l'extérieur, évidemment bien meilleure. Les ouvrages disposaient également d'un stock de vin.

 

Exemple de lits dans une caserne.
Autre vue.


Salle d'opération d'un ouvrage.
Le dentiste était également présent...
Salle des soins.

Les marmittes de la cuisine, très modernes pour l'époque; elles sont en inox.
Autre vue des cuisines.
Percolateur, l'équipage pouvait à tout moment venir prendre un café à la cuisine.
Local où se trouvaient les réserves d'eau et de vin.
Tonneaux contenant du vin.
Chambre froide.

 

On pensait à tout, y compris aux prisons. Le cachot était assez petit !
Bureau du garde de la prison.

 

  • la salle des filtres
En régime dit "air pur", l'air envoyé dans l'ouvrage est aspiré directement du dehors sans être filtré, grâce aux cloches "champignons", ou, sur les gros ouvrages, à des prises d'air présentes sur les blocs d'entrées. En revanche, en régime dit "air gazé", la salle des filtres a pour rôle de filtrer l'air extérieur de façon à éliminer d'éventuelles gaz toxiques envoyés par l'ennemi. A ce moment là, l'ouvrage est mis en "surpression" (les portes de l'ouvrages étant toutes étanches )de façon à ce que l'air extérieur ne puisse entrer que par la salle des filtres.
Salle des filtres de l'ouvrage du Simserhof.
 
Intérieur d'un filtre.

Dans tout les ouvrages étaient disposé des systèmes de détection et d'alarme aux gaz.

 


  • le poste de commandement
C'est le PC de l'ouvrage qui coordonne toutes les actions, tout les tirs effectués. Grâce aux indications obtenues de l'observatoire de l'ouvrage, le PC peut, en fonction de ces indications, envoyer des ordres de tirs aux différents blocs de combat. La coordination observatoire-blocs de combat repose donc entièrement sur le PC.

Exemple d'un PC, celui du petit ouvrage de Immerhof.

  • les communications

 

On distingue deux types de communications : à l'intérieur des ouvrages eux-mêmes, et les communications entre les ouvrages et l'extérieur.

Les communications intérieures ont pour but principal de relier les blocs de combat au PC de l'ouvrage. Ainsi, il existe deux types de communication : par téléphone, qui relie les PC des blocs de combat au PC de l'ouvrage, et les transmetteurs d'ordres, qui permet aux PC des blocs de combat de donner les instructions aux tireurs. L'avantage des transmetteurs d'ordres est que même en temps de combat et donc par conséquent de bruit, le tireur peut recevoir les ordres simplement en les lisant.

Les communications extérieures permettent quant à elles de relier les différents ouvrages entre eux, ainsi qu'aux troupes d'intervalles. Ces communications reposent sur deux systèmes : le plus utilisé est le téléphone. Celui-ci consiste en des câbles enterrés à environ 2 ou 3 mètres de profondeur, ce qui les rend assez invulnérables aux combats. Les troupes d'intervalles peuvent ainsi, grâce à des chambres de coupure, se brancher sur ce réseau et communiquer des informations aux ouvrages, ou bien encore en isoler un qui serait éventuellement tombé aux mains de l'ennemi. L'autre moyen de communication est la radio, système que l'on n'utilisait la plupart du temps que lorsque les lignes téléphoniques étaient coupées.

 

Exemple d'une chambre de coupure, qui consiste en une simple trappe à l'extérieur, et où se trouvait à l'intérieur un téléphone.
Antenne radio, située en général sur la façade arrière des entrées d'un ouvrage.
Transmetteur d'ordres.

 

2. Les parties extérieures

  • les blocs d'entrées

Ils sont toujours situés en retrait par rapport aux blocs de combats, afin d'éviter les bombardements que ces derniers pourraient subir. Il existe quatre types d'entrées : l'entrée des hommes par où l'équipage entre dans l'ouvrage, l'entrée des munitions, souvent reliée à une voie ferrée de 0,60m et destinée à faire entrée les munitions d'artilleries et d'infanteries dans l'ouvrage. Le troisième type d'entrée est l'entrée mixte, par laquelle on fait entrer les munitions et les hommes. Economique. Le quatrième type d'entrée n'en est pas vraiment un. En fait, il s'agit de l'entrée s'effectuant directement par les blocs de combat. En effet, faute de crédits suffisants, de nombreux petits ouvrages d'infanterie ne possèdent ni d'entrées d'hommes ni de munitions. L'entrée par les blocs de combat est peu pratique, en cas de bombardement, elles sont très vulnérables au feu ennemi...

Entrée des munitions de l'ouvrage du Simserhof, avec sa voie de 60 qui permet aux trains de transport de munitions de relier l'ouvrage à l'extérieur.

Entrée des hommes du Simserhof.


  • les blocs de combat


    Ce ne sont que la partie émergée des ouvrages, moins impressionnants que les dessous, quoique, et ce sont pourtant les organes les plus redoutables d'un ouvrages. Ce sont eux qui assurent la puissance de feu de la ligne Maginot, eux qui forment l'ossature de la ligne Maginot, appelée Ligne Principale de Résistance.

    Exemple d'un bloc de combat, le bloc 3 de l'Immerhof. Il est armé d'une chambre de tir à 1 créneau pour JM/canon47mm, d'une cloche GFM et d'une tourelle de 81mm (sur les dessus, non visible ici).

© maginotmoselle 2005-2006