La ligne Maginot et l'histoire du secteur fortifié de Faulquemont

 

  Le 1er septembre 1939, la Wehrmacht (armée de terre allemande) attaque la Pologne dans le couloir de Dantzig. Si Hitler n’en est pas à son premier coup de force dans sa politique d’agrandissement de « l’espace vital » allemand, la France et la Grande-Bretagne ne peuvent cette fois-ci plus reculer devant cet acte de guerre intolérable, d’autant que ces deux pays sont liés par accords à la Pologne. C’est donc en vertu de ceux-ci que Paris et Londres déclarent la guerre au III ème Reich.

La France est donc désormais en guerre avec l’Allemagne, soit, mais quelle suite donner à cela ? Il est évident que la France doit avant toute chose mobiliser son armée ! Seulement, cette mobilisation réclame du temps, environ trois semaines. Comment ne pas craindre alors une attaque soudaine de l’armée allemande ? Ce serait catastrophique pour la France ; en pleine mobilisation, elle ne pourrait guère réagir et la défaite serait assurée ! Elle dispose heureusement de la fortification la plus moderne du monde, la ligne Maginot. La voilà donc mise à contribution, celle de prévenir toute attaque brusquée venant d’Allemagne, de sorte que si cette attaque était lancée, la Muraille de France serait à même de la stopper net, au moins le temps de finir la mobilisation et que l’armée de campagne puisse prendre le relais. Mais l’Allemagne ne bouge pas de ses positions à l’ouest, trop occupée par sa campagne à l’est. Le premier rôle de la ligne Maginot, celui de couvrir de la mobilisation générale, est donc rempli.

Mis à part une très timide offensive dans la Sarre, la France ne bouge pas non plus de ses positions. C’est donc le début de ce qu’on appellera la « drôle de guerre », c’est-à-dire concrètement l’absence de toute action majeure entre les deux belligérants (si ce n’est de temps à autre quelques petites escarmouches isolées), ce qui contribua à une baisse certaine du moral des troupes (on plante alors des rosiers sur la ligne Maginot afin d’égayer l’ordinaire…).

La situation change au début du mois de mai 1940. La Wehrmacht a battu la l’armée polonaise en à peine 3 semaines, par ailleurs l’hiver (qui fut très rude) est passé, ce qui décide alors Hitler à passer à l’offensive à l’ouest. Une question épineuse se pose alors au sein de l’Etat-major allemand : quelle stratégie adopter ? La France dispose d’une fortification apte à arrêter nette toute attaque, à ce titre il ne reste qu’une solution à la Wehrmacht, attaquer la France par la Belgique, c’est-à-dire en contournant la ligne Maginot. C’est ce plan jaune, le « Fall Gelb » qui est donc retenu et l’offensive commence au 10 mai.

Est-il juste alors d’affirmer que la ligne Maginot n’a servi à rien, puisqu’elle a été contournée ? Non. En effet, c’est bien dans cette optique que l’Etat-major français a prévu le plan Dyle : celui-ci consiste, dès l’entrée des troupes allemandes sur les sols belge et luxembourgeois, pays neutres, à se porter au secours de leurs armées. L’objectif est clair : en combattant en Belgique, le sol français sera de facto épargné des combats ravageurs. Ainsi, le second objectif de la ligne Maginot, celui de forcer l’armée allemande à attaquer la France en passant par un pays neutre, est rempli.

Comme prévu donc, les troupes françaises s’avancent en Belgique pour s’établir sur la position de la Dyle, rivière belge. Cependant, les choses tournent mal. La Wehrmacht, soutenue par la Luftwaffe (armée de l’air) établit, grâce à ses Panzerdivisions, une percée foudroyante sur le front de Sedan. Cette offensive est déroutante : le Haut commandement français considérait en effet la forêt des Ardennes comme infranchissable par les blindés ennemis. Par conséquent le front de Sedan est non seulement très peu fortifié (c’est ce qu’on appelle la ligne Maginot prolongée, qui n’est en fait composée que de petit blockhaus), mais il n’est par ailleurs gardé que par quelques faibles régiments pour le moins peu préparés à combattre le gros de l’armée allemande ! C’est donc à cet endroit stratégique, charnière entre la ligne Maginot et les troupes de campagne devant s’avancer en Belgique que l’attaque allemande est menée, avec succès. Elle entame alors de façon fulgurante (c’est la « Blitzkrieg », la guerre éclair) un vaste mouvement d’encerclement des armées françaises et du Corps Expéditionnaire Britannique. Le plan allemand est un succès.

Alors le Fall Gelb fait désormais place au Fall Rot, deuxième phase des opérations allemandes. Ce plan consiste à accélérer la défaite française en encerclant cette fois-ci les armées de l’est, celles regroupées derrière la ligne Maginot. Ainsi, le 14 juin est lancée en Sarre une offensive allemande dans le secteur fortifié de la Sarre, maillon le plus faible de la ligne Maginot car composé uniquement de petits blockhaus tenant sous leurs feus de vastes inondations défensives. C’est l’opération « Tiger », qui vise bel et bien à percer la ligne Maginot. Et pourtant, après des combats acharnés et de lourdes pertes des deux côtés, le commandement allemand doit se rendre à l’évidence à la fin de la journée : l’opération est un échec, en aucun endroit la ligne principale de résistance française n’a cédé. Mais la malchance jouant, les allemands interceptent le soir même du 14 juin un ordre de repli destiné aux troupes du secteur ( rappelons que l’armée allemande est déjà à Paris et que le décrochage général des armées a été ordonné). Le lendemain, l’offensive allemande reprend donc, et cette fois-ci, la Wehrmacht arrive à percer le secteur fortifié sans problème, la majorité des troupes françaises ayant décroché !

La ligne Maginot du Sud-Est, surnommée la Maginot alpine, fait également parler d'elle. Le 10 juin 1940, jour de la déclaration de guerre de Musssolini à la France, l'état des forces en présence montre clairement la supériorité numérique des Italiens : 312 000, contre seulement 85 000 Français en premier échelon (185 000 en tout). Malgré ce désavantage, la ligne Maginot met en échec l'armée italienne. En effet, 14 jours plus tard, alors que les combats s'achèvent avec l'armistice, on dénombre 6000 soldats ennemis hors de combat, contre 250 français. Les Italiens n'ont percé la ligne principale de résistance française en aucun endroit. Bref, l'attaque italienne a donc été un échec total et la ligne Maginot a su prouver ici toute son efficacité : résistance à toute épreuve avec économie de forces face à un ennemi plus nombreux.

Entre temps, et pour en revenir à la guerre face à l'Allemagne, malgré le repli général, les armées françaises de l’est sont réduites à leur tour le 19 juin 1940.

La ligne Maginot est désormais seule, îlot de résistance au milieu de la déferlante allemande qui vient de submerger la France. Privée d’une partie de ses moyens, elle résista pourtant aux divers assauts allemands lancés çà et là, et au 25 juin 1940, à 0 h 35, moment de l’entrée en vigueur de l’armistice, 48 des 53 ouvrages de la ligne Maginot en Lorraine tiennent toujours. Sans oublier la « Maginot Alpine », intacte et narguant jusqu’au bout l’armée italienne qui n’aura guère pu jouer le rôle qu’elle aurait voulu jouer dans la campagne de France.

Les ouvrage de la ligne Maginot durent se rendre le 2 juillet 1940 ( 10 jours après la signature de l’armistice…) sur ordre du Haut commandement français, preuve que même isolée, la fortification la plus moderne du monde conserva toutes ses forces et pu jusqu’au bout défendre le morceau de territoire français qui était sous son feu. Et pourtant, ce furent près de 25 000 soldats du béton qui partirent en captivité, invaincus.

Sur ce site, vous allez découvrir la ligne Maginot, ses armements, son organisation, ainsi que l'histoire d'un des secteur fortifié de la Ligne, celui de Faulquemont. Bonne visite !

 

Bloc 3 de l'ouvrage du Bambesch,
ravagé par les combats du 20 juin 1940


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Insigne de la ligne Maginot, et sa devise "On ne passe pas".

Dernière mise à jour :

Jeudi 10 Juillet 2008

Historique du petit ouvrage de Téting