Historique :

C'est le 13 juin 1940, à 22 heures, que la véritable guerre commence pour le petit ouvrage de Téting. A ce moment en effet, le 146 ème Régiment d'Infanterie de Forteresse reçoit l'ordre, comme tous les régiments de forteresse de la ligne Maginot, d'évacuer. L'Ouvrage, dont l'équipage est issu de ce régiment, doit rester sur place pour couvrir la retraite.

Les 14 et 15 juin, l'offensive allemande dans le secteur fortifié de la Sarre est déclenchée. Le PO de Téting, qui se trouve au sud du secteur fortifié de Faulquemont, borde donc ce secteur à l'ouest et a, entre autre, pour mission de barrer la route Saint-Avold – Faulquemont via Téting-sur-Nied. Dans la nuit du 15 au 16, les équipages des casemates du secteur de Faulquemont évacuent à leur tour leurs positions, laissant seuls les 5 ouvrages du secteur fortifié. Le 17 juin, à 22 heures, ce sera leur tour.

En attendant, des patrouilles commandées par des sous-officiers de l'ouvrage s'installent entre le PO et le bloc 3 du petit ouvrage de Laudrefang, les casemates nord et sud du bois de Laudrefang ayant été abandonnées et formant donc une brèche dans la ligne principale de résistance. A plusieurs reprises, elles repoussent quelques tentatives d'infiltration allemande. Le 16 juin à 6 heures, les Allemands s'infiltrent dans le village de Téting mais sont repoussées par le bloc 3 du PO de Téting. Puis la tourelle du bloc 2 arrête toute progression sur la route reliant Téting à Faulquemont.

Le 17, une colonne de motocyclistes est arrêtée, mais des canons de 150mm s'installent dans les vergers du village de Téting et commencent le bombardement de l'ouvrage. Le secteur fortifié de Faulquemont étant désormais encerclé, le contrordre est donné : les ouvrages du secteur doivent résister. A 22 heures, quelques mitraillages ennemis sont effectués sur le bloc 3.

Le 18 juin, des colonnes ennemies avancent sur la route Téting – Faulquemont sont de nouveau stoppées par les armes du Téting et avec l'aide des deux mortiers de 81mm du bloc 3 de Laudrefang (portée de 3600 mètres ). L'ouvrage reçoit de nombreux obus de 37mm, 77mm et 105mm. Le Commandant Denoix, qui a sous ses ordres le secteur fortifié de Faulquemont, notifie aux ouvrages qu'il a reçu des parlementaires allemands et a refusé de se rendre, ordonnant aux commandants d'ouvrages d'en faire autant.

Le 19 juin, les bombardements s'intensifient et les créneaux de tir du bloc 3 commencent à être sérieusement endommagés. A 8 heures, une patrouille allemande s'approchant des réseaux de défense rapprochée de l'ouvrage, est repoussée par les armes automatiques. A 14h30, l'épiscope de la cloche GFM sud (type A) est brisé par un obus et le soldat Cattiaux, alors en poste, est immédiatement évacué à l'infirmerie de l'ouvrage.

Le 20 juin, les bombardements s'intensifient encore mais, malgré tout, le lieutenant Font, commandant le bloc 1 (non relié au reste de l'ouvrage) envoie une patrouille au bloc 3 pour récupérer vivres et munitions. Le bloc 3 devient presque intenable, mais grâce à de savantes manipulations de la ventilation du bloc, l'atmosphère est rapidement assainie. Au bloc 2, le lieutenant Marchelli, sur ordre du capitaine Cattiaux commandant le PO de Laudrefang, donne l'ordre à la tourelle de mitrailleuses de tirer sur la cote 400 où deux pièces de 88 tirent sur le bloc 1 de Laudrefang. Le tir est malheureusement inefficace en raison de la portée trop éloignée pour les mitrailleuses, près de 3800m. Dans cette opération, la tourelle est touchée par un éclat d'obus ; le canon de 25mm antichars est mis hors service.

Le 21 juin, une patrouille allemande s'approche du bloc 1 (pensant qu'il a été évacué comme toutes les casemates du secteur). Malheureusement pour elle, le soldat Marcel Batt, servant le Fusil Mitrailleur de défense de la porte, les aperçoit et tir : l'officier à la tête de cette patrouille est presque coupé en deux et ses soldats refluent dans la panique. Le lieutenant Font, redoutant dès lors l'attaque de son bloc, fait tirer les armes des deux cloches JM modifiée AM et demande au bloc 3 de Laudrefang des tirs de 81mm sur les abords de son bloc 1 : les effets sont dévastateurs.

Au soir du 21 juin, les Allemands dénombrent 6 tués et 40 blessés dans leurs rangs. Les bombardements continuent malgré tout les jours suivants.

Le 22 juin, les pièces de 105mm sont repérées dans les vergers de Téting et les tirs de la tourelle du bloc 2, ainsi que ceux des mortiers de 81mm du bloc 3 de Laudrefang forcent les servants à abandonner leurs pièces.

Les bombardements ennemis se font plus sporadiques le 24 juin mais s'intensifient dans l'après-midi. Le bloc 3 est intenable : le canon de 47mm antichars est inutilisable, tout comme les jumelages de mitrailleuses, et des obus pénètrent dans la chambre de tir. Le lieutenant Marchelli demande au bloc 3 de Laudrefang de bombarder la cité des officiers du camp de Téting, mais rien n'y fait. La tourelle du bloc 2 effectue alors des tirs sur le village de Téting.

La résistance de l'équipage n'en est pas pour autant entamée, et les armes sous cloches du bloc 1 réussissent ainsi à détruire un canon antichars tirant sur le tourelle de mitrailleuses du bloc 3 du petit ouvrage de Laudrefang.

Quelques heures plus tard et le lendemain, 25 juin, à 0h35, les armes se taisent une à une. L'armistice entre en vigueur. Le PO de Téting, comme celui de l'Einseling et de Laudrefang dans le secteur fortifié de Faulquemont, tiennent toujours.

Le PO de Téting ne se rendît que le 2 juillet 1940, invaincu, sur ordre du Haut commandement français.

 


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